Le Spitfire Mk V
1/72e Revell
Introduction
Cet article s’adresse principalement à ceux, qui comme moi, découvrent ou ont re-découvert depuis peu les joies du modélisme d’aviation.
En effet, hormis les maquettes Matchbox de mon enfance achevées au pinceau et un passage plus ou moins heureux dans le modélisme automobile, mon expérience dans le domaine était au pire proche de zéro et au mieux de pas grand-chose.
Gagné par l’enthousiasme de certains copains qui ont continué à faire des maquettes d’avions de la deuxième guerre mondiale ( célèbres ou moins), et impressionné par le niveau de qualité qu’ils avaient atteint au fil des années, je m’y suis donc remis sérieusement depuis un peu plus d’un an.
Mon but initial est de réaliser la maquette la plus correcte possible avec le minimum de matériel, d’expérience et de technique mais en y prenant un maximum de plaisir.
Pour me faire la main, je me suis décidé
pour un grand classique au 1/72 :
Le Vickers Supermarine Spitfire MkVb.
Cette maquette Revell est réalisée strictement de la boîte sans détails ajoutés. Une forme correcte, un montage propre et une peinture appropriée sont pour moi le résultat recherché.
Analyse du kit
En quelques mots il s’agit d’un kit Revell de 1996.
L’illustration de la boîte est assez jolie et sont prix n’est pas
du tout excessif (5 euros environs).
A l’ouverture de la boîte, nous sommes en présence
de 2 grappes contenants un nombre assez limité de pièces
moulées dans un plastique gris qui se révèle assez
facile à travailler, une verrière transparente dont la limpidité
me semble tout à fait correcte.
Les pièces sont finement gravées en creux
et bien détaillées.
Les décals contenus dans la boîte permettent
de faire deux avions qui sont
- le « Spit » codé AZ-G du Pilot officer
Axel A. Svendsen à Tangmere en 1942
- celui codé AE-A « City of Winnipeg »
du S/L Jeff Northcott, pilote canadien titulaire de 9 victoires, basé
à Duxford en 1943. Ce dernier a été mon choix.
Montage
La notice fournie dans la boîte est claire dans ces instructions de montage et donne des références sur les peintures Revell à utiliser. Pour ma part je préfère les peintures acryliques des marques Tamiya et Gunze Sangyo, ce qui va m’obliger à faire des recherches de conversion pour trouver les teintes correspondantes.
L’habitacle
Celui-ci se compose de 5 pièces reprenant le plancher, le siège fixé sur la paroi, le tableau de bord et le compartiment radio fixé derrière l’appuie-tête du pilote. L’intérieur du fuselage est finement gravé de manière à représenter la structure de l’habitacle.
L’assemblage ne présente aucune difficulté. Pour les petites pièces, j’utilise d’office de la colle cyano (genre superglue) pour ne pas avoir la mauvaise surprise du genre entendre le « manche à balais » se balader dans le fuselage une fois celui-ci refermé.
Le tout est alors peint à l’aérographe en
« interior green » de la RAF, pour ce faire, j’ai utilisé
le XF-5 Tamiya.
La structure interne et les détails sont passés
au « jus » ce qui permet de donner de la profondeur aux reliefs.
Le « jus » est composé d’essence à
briquet et de peinture émail noir mat Humbrol.
J’ai constaté qu’il valait mieux bien diluer la peinture de manière à éviter un résultat trop grossier, surtout au 1/72.
En cas de maladresse, et je parle d’expérience, le jus s’efface très facilement en l‘essuyant avec un coton tige imbibé d’essence à briquet, sans que la couche de peinture acrylique ne soit abîmée.
Le tableau de bord, fournit sur la planche à décals est placé à l’endroit approprié et assouplit avec les produits Micro Sol et Micro Set qui permettent à celui-ci d’épouser parfaitement le support.
Une fois le fuselage refermé, et la verrière placée, l’habitacle n’est que fort peu visible à cette échelle, hormis la radio et l’appuie tête du pilote. Inutile donc de faire un travail de détail à la peinture qui sera pratiquement invisible le modèle terminé. Les indications de la notice suffisent largement.
Le fuselage
Un premier essai « à blanc » (c'est-à-dire sans colle) me rassure, l’intérieur de l’habitacle s’insère parfaitement entre les deux parties constituant le fuselage sans devoir y donner un coup de lime.
Le plancher est collé à la colle liquide
à l’endroit prévu (le mieux étant l’ennemi du bien,
il faut éviter d’en mettre trop ce qui aurait pour résultat
l’apparition de bourrelets constitué d’un mélange de colle
et de plastique d’un effet des plus laids).
Après m’être assuré qu’il est solidement
fixé, j’enduis de colle liquide les deux parties du fuselage avant
de les emboîter et de les maintenir à l’aide de pinces à
linge.
Après séchage, on constate que la colle
a fait fondre le plastique et qu’une fine bande de matière est ressortie
du joint, soudant les deux parties du fuselage l’une à l’autre (les
colles de maquettisme ont la propriété de dissoudre le plastique
à l’endroit où elles sont appliquées).
Il ne reste plus qu’à prendre une lame de scalpel
et passer avec précaution celle-ci le long du joint pour enlever
le surplus, ce qui à l’avantage d’atténuer ou d’effacer celui-ci.
En effet, il est rare qu’un avion réel présente
une ligne de structure à cet endroit sur toute sa longueur.
Si la ligne est toujours visible Il suffit de poncer
cette partie avec un papier aux grains plus ou moins fin (Pour ma part
du Tamiya 2000).
Les ailes
Bonne idée de Revell qui permet de faire deux variantes
de sont Spitfire en fournissant des bouts d’ailes différents.
Le AE-A que j’ai choisi était un avion à
ailes tronquées (Low Altitude Fighter) qui lui permettait de meilleures
performances à basse altitude.
Le montage n’appelle aucun commentaire particulier, si
ce n’est que des trous doivent être percés pour la mise en
place des bossages des deux canons de 20 mm situés dans les ailes.
Les emplacements de ces trous sont indiqués par un léger
creux à l’intérieur des ailes. Le tout s’emboîte sans
difficulté,
Les deux parties de l’extrados venant se coller sur la
grande pièce de l’intrados.
Comme pour le fuselage, les deux parties d’ailes collées
l’une sur l’autre présentent un joint le long du bord d’attaque,
celui-ci est absent sur le vrai « zinc » et doit être
supprimé. J’ai procédé de la même manière
par l’enlèvement de la matière sortie du joint (attention
à ne pas donner de coup de scalpel dans le bord lui-même)
et un ponçage.
Le train d’atterrissage
Constitué de 3 pièces (jambe, roue et trappe de train) le montage se fait sans aucune difficulté. J’y ai juste ajouté un morceau de fil de cuivre pour figurer la durit de frein. Celle-ci n’est peut être pas tout à fait à l’échelle mais apporte un petit plus à mon avis.
Les logements de train et les parties intérieures de trappes de celui-ci sont peints dans le même vert que l’habitacle avec de la Tamiya XF-5
Lors de la mise en place du train, il est important de vérifier l’alignement de chaque jambe par rapport au fuselage de manière à ne pas se retrouver avec un modèle « bancale ».
Détails divers
Restent maintenant à mettre en place les pipes
d’échappement, la petite prise d’air sous le moteur, la dérive
et les canons.
Pour éviter que certaines pièces ne cassent
ou ne se décollent lors des manipulations de la mise en peinture,
j’ai décidé de ne coller l’hélice, le mat d’antenne
et la verrière qu’après la mise en peinture.
Bref, le montage ne présente vraiment pas de difficulté
et est à la porté de tous même des plus jeunes. Il
suffit de soigner la finition au niveau des joints les plus visibles sans
pour autant effacer les fines lignes de structure.
La peinture
Il s’agit ici de la partie la plus délicate de la réalisation. Un bon montage mais une mauvaise peinture donnera un modèle médiocre qu’on oubliera dans un coin avant qu’il ne termine à la poubelle.
Lorsque j’ai décidé de me remettre au modélisme,
je me suis rendu compte que sans un minimum d’investissement dans un matériel
de peinture, je ne pourrais jamais arriver à un résultat
qui me donne satisfaction (bien que, comme la plupart des gens qui pratique
ce hobby, je ne suis jamais pleinement satisfait du résultat, avec
l’expérience et dans 20 ans peut être … ?).
J’ai donc fait l’achat d’un aérographe de marque
Badger type 150, lequel reste d’un prix abordable et me donne satisfaction.
Dans un premier temps j’ai donc utilisé des bombonnes
d’air comprimé pour me faire la main, mais le résultat était
décevant. Je n’avais pas la possibilité de régler
la puissance du jet avec pour résultat des crachotements de peinture
du plus mauvais effet.
Heureusement un copain se débarrassait d’un encombrant
mais excellent compresseur dont j’ai fait l’acquisition et je ne regrette
pas cet achat.
Pour ce modèle les trois peintures indispensables
sont :
Medium sea grey pour les parties inférieures (Tamiya
XF-20)
Dark green (Gunze H73) et Océan grey (Gunze H75)
J’ai commencé par protéger l’habitacle et
les logements du train déjà peint avec de la bande cache.
J’ai ensuite passé une couche de Medium sea grey
diluée à 50 % d’alcool (par soucis de facilité, je
dois bien l’avouer) sur toute les parties inférieurs de la maquette
avec une pression de 1200 grammes .Après séchage, le résultat
me semblait correct, je n’ai donc pas vu l’utilité d’une seconde
couche.
Pour la partie supérieure, la difficulté était de rendre le schéma de camouflage.
La réalisation à main levée me semblait
hasardeuse vu mon manque d’expérience.
J’ai donc commencé par peindre entièrement
la partie supérieure de l’avion et du fuselage dans la couleur la
plus claire c'est-à-dire l’ocean grey, et ce de la même manière
que l’intrados, en protégeant les parties inférieures du
fuselage déjà peintes avec de la bande cache.
J’ai alors opté pour la frisquette afin de
confectionner mon schéma de camouflage. Il s’agit d’une fine pellicule
plastifiée autocollante vendue dans les magasins spécialisés.
Après avoir repris le dessin du schéma
au feutre sur la feuille de frisquette, j’ai découpé celle-ci
et je l’ai collée sur la première couche de peinture de manière
à la préserver. Il faut s’assurer que les caches confectionnées
soient parfaitement collées car j’ai remarqué que la peinture
Gunze diluée à 50% a tendance à se propager dans les
lignes de structure par capillarité.
Une fois la couche de « dark green»
passée et le tout bien sec, j’ai retiré les caches et poncé
la peinture avec un papier très fin pour lui donner du fini.
Restait à peindre l’hélice en noir mat, la casserole d’hélice en « sky» (tamiya XF 21), les jambes de train en métal, les pipes d’échappement en brun rouge et peindre une partie des bords d’attaque des ailes en jaune avec un cache rouge sur les orifices des mitrailleuses.
Une couche de vernis brillant est passée sur toutes les parties extérieures de la maquette, ce qui empêche l’effet de reflets argentés produit par les décals posés sur des surfaces mates ou semi brillantes.
Pour terminer, le « jus » à base de
peinture noire et d’essence à briquet est repassé sur l’ensemble
des lignes de structure pour donner de la profondeur, le surplus étant
effacé à l’aide d’un coton-tige imbibé d’essence.
La décoration
Les décals contenus dans la boîte sont de bonne qualité, peut-être un peu épais mais résistants, ce qui permet de la manipuler facilement même sans leur support. La bande de fuselage donné en « sky » est un peu claire mais je l’ai utilisée telle quelle.
La difficulté avec les décals, surtout ceux fournis d’origine dans les boîtes, est de les assouplir assez pour faire ressortir la structure qui se trouve en dessous.
J’utilise pour ça deux produits. Le premier porte le nom de Micro-set et se place sur la partie où va être placée le décal. Comme j’ai tendance à confondre les deux produits, une manière de reconnaître le premier est son odeur de vinaigre.
Le second est le Micro-sol, ce produit à la propriété
d’assouplir le décal et lui faire épouser la structure de
l’avion.
Attention, dès que le micro-sol est placé,
il faut éviter de toucher aux décals sous peine de les voir
se déchirer.
Lorsque le micro-set est placé, le décal
commence à se chiffonner et à cloquer, pas de panique, il
s’agit d’une réaction normale, il va s’étendre par la suite.
Reste maintenant la partie qui me semble la plus hasardeuse.
La finition
Ce qui, à mon sens, rend un maquette spectaculaire, est le réalisme qui s’en dégage et les modélistes chevronnés poussent très loin l’art de ce qui est appelé le waethering.
Les avions de combat, surtout ceux de la deuxième guerre mondiale qui servaient sous tout les climats et dans toutes les conditions de maintenance, hormis à leur sortie d’usine, n’étaient pas particulièrement propres.
Trace de poudres laissées par les armes, éraillures sur la peinture aux endroits de passage du pilote et du personnel au sol, traces laissées par les échappements et mêmes retouches de peintures aux endroits abîmés étaient la règle sur un appareil opérationnel.
Pour les traces de poudre un bâton de pastel noir réduit en poudre à l’aide d’une lime et passé à sec aux endroits appropriés permet d’obtenir l’effet désiré. Un peu de pastel marron y est ajouté pour les traces d’échappement.
Le pastel brun avec une pointe de vert est utilisé pour les effets de salissures provoqués par les projections de poussières au niveau du train.
Reste la touche finale, le vernis mat. Un avion du fait
du frottement de l’air, n’est jamais totalement mat mais pas brillant non
plus. Il faut donc trouver le juste milieu pour obtenir une finition réaliste.
Je fais un mélange de vernis brillant Tamiya X-22
avec une pointe de base mat Tamiya X-21 et coupé de 60 % d’alcool.
Il m’est impossible de dire en quelle proportion, la base mate ayant un
aspect pâteux, je fais mon mélange « au pif »
et des essais. Pour avoir une idée, lorsque le mélange prend
l’aspect blanchâtre du lait écrémé, en général
c’est qu’il est au point.
Reste un danger, le « givrage» du vernis,
c'est-à-dire l’apparition de traînées blanches sur
la maquette qui survient lorsque le vernis est insuffisamment dilué
ou mélangé.
La seule solution alors est d’essayer d’enlever celui-ci
avec de l’alcool en espérant ne pas attaquer les couches de peintures
sous le vernis.
Ne reste plus maintenant qu’à placer le reste des
éléments dont la verrière dont j’ai peint les montants
avec un fin pinceau.
La verrière est placée à l’aide
de colle à bois, qui a la propriété de sécher
en étant bien transparente.
La touche finale étant le fil d’antenne qui est
un cheveu de mon épouse repeint en noir (eh oui, les siens sont
blonds et les miens sont trop courts).
Je rappelle qu’il s’agissait de ma première maquette
faite en utilisant les trucs qui m’ont été donnés
par des modélistes chevronnés, Marc (dit Helmutt von Mumutt,
doctor es luftwaffe et mentor), Jipsx, dédé, Fabian et Philou
et dont je vous fait part.
Merci les gars, je suis bien conscient des progrès
qu’il me reste à faire.
Luc Borlé